Allaitement et sexualité : est-ce risqué d’avoir des rapports pendant cette période ?

L’allaitement est une période unique dans la vie d’une femme, marquée par des changements hormonaux et des ajustements émotionnels. Beaucoup de nouvelles mamans se demandent si leur vie sexuelle peut reprendre normalement pendant cette phase délicate. Les inquiétudes sont nombreuses : la fatigue, les fluctuations hormonales et la peur de ressentir des douleurs peuvent freiner les élans intimes.

Pensez à bien savoir que l’allaitement n’interdit pas les relations sexuelles. Bien que certaines précautions soient recommandées pour assurer le confort et la sécurité de la mère, le désir et l’intimité peuvent tout à fait coexister avec cette période de maternité.

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Pourquoi la sexualité d’un couple est-elle mise à mal pendant l’allaitement ?

La période de l’allaitement bouleverse la vie intime des couples. Plusieurs facteurs contribuent à cette situation. Les changements hormonaux jouent un rôle majeur. La prolactine, hormone élevée chez la mère allaitante, inhibe la sécrétion des œstrogènes et de la testostérone, réduisant ainsi le désir sexuel.

Michel Odent, célèbre obstétricien, rappelle que les rapports sexuels, l’accouchement et l’allaitement font partie intégrante de la vie sexuelle de la femme. Pourtant, les fluctuations hormonales peuvent rendre la reprise des relations sexuelles moins spontanée.

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Marcel Rufo, pédopsychiatre, a déclaré dans L’Express qu’un sein qui allaite n’est pas un sein sexué. Cette perception peut influencer la dynamique du couple.

Aspects psychologiques et environnementaux

Le manque de sommeil et la fatigue accumulée participent aussi à cette diminution du désir. Claude Halmos, psychanalyste, critique la recommandation de faire dormir le bébé dans la chambre parentale les six premiers mois, une pratique qui peut perturber l’intimité du couple.

Danièle Starenkyj, auteure spécialisée, aborde les cinq dimensions de la sexualité féminine dans ses ouvrages publiés chez Orion éditeur. Elle souligne que la maternité peut redéfinir la perception de la sexualité.

Claude-Suzanne Didierjean-Jouveau, dans Allaiter Aujourd’hui, met en lumière l’impact de l’allaitement sur la sexualité féminine.

Flore, mère et témoin, partage son expérience de la puissance de la sexualité féminine liée à la maternité, illustrant que cette période peut aussi être une phase de découverte et de renouveau pour certaines femmes.

Les impacts hormonaux de l’allaitement sur la libido

La chute de la libido pendant l’allaitement trouve son explication principale dans le bouleversement hormonal. La prolactine, hormone essentielle à la production de lait, atteint des niveaux élevés chez la mère allaitante. Cette hormone inhibe simultanément la sécrétion de trois hormones clés : œstrogène, testostérone et progestérone. Or, ces hormones jouent un rôle fondamental dans le désir sexuel.

Plusieurs études, notamment celles de Spencer et al à l’université de Chicago, ont démontré que les femmes allaitantes et leurs bébés émettent une phéromone augmentant le désir sexuel chez les autres femmes. Chez la mère allaitante elle-même, la libido peut rester en berne.

La ocytocine, hormone sécrétée lors de l’allaitement, des rapports sexuels et de l’accouchement, joue un rôle double. Elle favorise le lien mère-enfant mais peut aussi renforcer la sensation de plénitude émotionnelle, réduisant le besoin de recherche de plaisir sexuel.

Pour certaines femmes, l’allaitement peut paradoxalement devenir une forme de contraception naturelle, connue sous le nom de méthode de l’allaitement maternel aménorrhée (MAMA). En inhibant l’ovulation, cette méthode réduit les risques de grossesse durant les premiers mois post-partum.

Le constat est donc clair : la période d’allaitement impose une réorganisation hormonale et émotionnelle qui peut modifier profondément la vie sexuelle du couple. En comprenant ces mécanismes, les couples peuvent mieux appréhender cette transition et adopter des solutions adaptées pour préserver leur intimité.

Comment gérer les gênes physiques et émotionnelles pendant les rapports ?

Les gênes physiques post-accouchement peuvent être variées et souvent invalidantes pour la vie sexuelle. Parmi les plus courantes, citons :

  • dyspareunie : douleurs pendant les rapports sexuels, souvent dues à la sécheresse vaginale causée par la baisse des œstrogènes.
  • vaginisme : contractions involontaires des muscles du plancher pelvien rendant la pénétration difficile voire impossible.
  • épisiotomie : cicatrice douloureuse suite à une incision pratiquée lors de l’accouchement.

Pour atténuer ces gênes, consultez des spécialistes comme Charlotte Bergerot, ostéopathe formée en gynécologie, ou Carole Hervé, consultante en lactation IBCLC. Ces professionnels peuvent fournir des conseils précieux pour améliorer le confort physique.

Conseils pratiques

Adopter certaines stratégies peut aussi aider à surmonter ces difficultés :

  • Utiliser des lubrifiants à base d’eau pour pallier la sécheresse vaginale.
  • Pratiquer des exercices de relaxation et de renforcement du plancher pelvien, comme les exercices de Kegel.
  • Favoriser les positions sexuelles qui minimisent la pression sur le périnée.

Les aspects émotionnels ne doivent pas être négligés. La fatigue, les nouvelles responsabilités parentales et les changements corporels peuvent altérer l’image de soi et la dynamique du couple. Claude Halmos, dans ses interventions sur France Info, critique par exemple la recommandation de faire dormir le bébé dans la chambre parentale les six premiers mois, ce qui peut nuire à l’intimité du couple.

Ressources et accompagnement

Pour un soutien adapté, n’hésitez pas à vous tourner vers des ressources spécialisées. Catherine Rybus, auteur de ‘Si j’avais su’, et les groupes de soutien comme La Leche League France offrent un accompagnement précieux pour les mères allaitantes.

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Conseils pour retrouver une intimité de couple épanouie

L’allaitement peut profondément modifier la dynamique sexuelle au sein du couple. Les hormones jouent un rôle fondamental. La prolactine, hormone de l’allaitement, engendre une diminution des taux d’œstrogènes et de testostérone, affectant ainsi le désir sexuel. Selon Michel Odent, l’ocytocine, sécrétée lors de l’allaitement et des rapports sexuels, peut renforcer le lien entre les partenaires.

Pour retrouver une intimité épanouie, quelques recommandations sont à suivre :

  • Communiquez : Parlez ouvertement de vos ressentis et besoins avec votre partenaire. La transparence aide à mieux comprendre les attentes et les difficultés de chacun.
  • Planifiez des moments à deux : Même avec un nouveau-né, pensez à bien se réserver des instants de complicité. Une promenade en duo ou un dîner peuvent raviver la flamme.
  • Consultez des spécialistes : Un gynécologue, une sage-femme ou un sexologue peuvent offrir des conseils adaptés. Camille Bataillon, spécialiste en sexo périnatalité, aborde souvent ces thématiques dans le podcast Milkshaker.

La contraception post-partum mérite aussi d’être abordée. Consultez un professionnel de santé pour choisir la méthode la plus adaptée : dispositif intra-utérin, contraception hormonale ou naturelle. Dans le cadre du podcast Papatriarcat, la contraception masculine est régulièrement débattue, offrant une perspective complémentaire.

Rejoignez des groupes de soutien comme La Leche League France. Ils peuvent offrir un espace d’échange et de soutien précieux pour les nouvelles mères. Le témoignage de Flore sur la puissance de la sexualité féminine liée à la maternité illustre bien l’impact positif de ces communautés.